Liberté couleur des feuilles – double choir (also choir I, choir II separated)

poem: René-Guy Cadou
music: Jean-Christophe Rosaz
duration: env. 6’40
publisher: TerraLontana

La particularité de cette composition est que l’on peut écouter les deux choeurs séparément ou ensemble. Dans la forme du concert, on veillera donc à ce que le public se trouve au milieu afin de capter au mieux les micro-décalages et variations qui existent entre les deux masses sonores. Suggestion du compositeur: faire entendre d’abord le choeur I puis le choeur II enfin les deux réunis.

 

Description

 

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The unique feature of this composition is that the two choirs can be heard separately or together. In the concert format, care will be taken to ensure that the audience is positioned in the middle to best capture the micro-shifts and variations that exist between the two sound masses. Composer’s suggestion: first play Choir I, then Choir II, and finally both together.

Liberté couleur des feuilles Liberté, la belle joue Jeune fille qui dénoues Tes cheveux blonds sur le seuil Flamme, neige, épaule nue Arc-en-ciel de la rosée Au visage pavoisé De cent regards inconnus Liberté couleur des feuilles Liberté, la belle joue Jeune fille qui dénoues Tes cheveux blonds sur le seuil Oiseau, la plume légère Sein jailli, odeur de pain Blanche vague de la main À tâtons dans la lumière Liberté couleur des feuilles Liberté, la belle joue Jeune fille qui dénoues Tes cheveux blonds sur le seuil La plus pauvre du village La plus belle sous les coups Toi qui fais chanter les fous Et qui fais pleurer les sages Liberté couleur des feuilles Liberté, la belle joue Jeune fille qui dénoues Tes cheveux blonds sur le seuil Liberté, je t’ai nommée Pour que nous vivions ensemble Tu me vêts et tu ressembles Au portrait de mon aimée Liberté couleur des feuilles Liberté, la belle joue Jeune fille qui dénoues Tes cheveux blonds sur le seuil

Freedom color of leaves Freedom, the beautiful cheek Young girl who unties Your blond hair on the threshold Flame, snow, bare shoulder Rainbow of dew With a face adorned with flags With a hundred unknown glances Freedom the color of leaves Freedom, the beautiful cheek Young girl who unties Your blond hair on the threshold Bird, the light feather Spouted breast, smell of bread White wave of the hand Groping in the light Freedom the color of leaves Freedom, the beautiful cheek Young girl who unties Your blond hair on the threshold The poorest in the village The most beautiful under the blows You who make the fools sing And who make the wise cry Freedom the color of leaves Freedom, the beautiful cheek Young girl who unties Your blond hair on the threshold Freedom, I named you So that we live together You dress and you look like The portrait of my beloved Freedom color of leaves Freedom, the beautiful cheek Young girl who unties Your blond hair on the threshold

​       Le mot liberté et plus encore sa signification est à la source de cette composition qui se veut un hymne à une des valeurs les plus fondamentales de l’être humain et de la vie elle-même. Comment ce superbe poème sur ce thème si fort pourrait-il ne pas nous incliner à philosopher un tant soit peu – ou un temps soit peu ?
On pourrait penser que pour être libre il suffit  d’être seul mais est-ce là vraie liberté ? Je crois que le véritable sentiment de se sentir libre peut s’exprimer en présence d’au moins deux personnes, deux entités  car c’est dans les rapports qui s’exerceront de l’une à l’autre que l’on pourra vivre (ou nier) cette dimension. Ce nombre deux fait inévitablement penser à Adam et Eve, premier couple (du moins « symbolique ») sur terre.
D’où l’idée de faire en sorte qu’un intervalle de seconde (majeure – plus consonnant, il y a un espoir d’entente finale du couple et au-delà de l’humanité toute entière) traduisant sur le plan musical cette « bipolarité » soit  le noyau central de toute la partition :

–          Le choix du double chœur qui lui-même est mixte,

–          La pièce est toute entière basée sur un accord de 9ème Majeure – une octave plus une seconde – (avec sixte ajoutée),

–          Cet intervalle envahi littéralement les modes d’écriture harmonique, mélodique et contrapuntique comme l’utilisation du canon (avec un effet d’écho) à deux

–          Il y a peu d’éléments mélodiques, que l’on soit  interprètes ou auditeurs,  on « baigne » plutôt dans une atmosphère qui se veut être la mise en musique de cet espace de liberté.

Par ailleurs, le « bruissement » des paroles nait de la présence des feuilles dans le poème.

Enfin, la préséance des voix d’hommes est due au fait que le poète associe ce chant à la liberté à une déclaration d’amour à l’aimée, à « l’éternel féminin ».


The word freedom, and even more so its meaning, is the source of this composition, which is intended as a hymn to one of the most fundamental values ​​of human beings and of life itself. How could this superb poem on such a powerful theme not incline us to philosophize a little—or for a little while?
One might think that to be free, it is enough to be alone, but is this true freedom? I believe that the true feeling of being free can be expressed in the presence of at least two people, two entities, because it is in the relationships that will be exercised between one and the other that we can experience (or deny) this dimension. This number two inevitably brings to mind Adam and Eve, the first couple (at least « symbolically ») on earth.
Hence the idea of ​​making a second interval (major – more consonant, there is a hope of a final understanding between the couple and beyond, for all of humanity) musically translating this « bipolarity » into the central core of the entire score:

–          The choice of the double choir, which itself is mixed,

–          The piece is entirely based on a major 9th chord – an octave plus a second – (with an added sixth),

–          This interval literally invades harmonic, melodic, and contrapuntal writing styles, such as the use of the canon (with an echo effect) for two.

–          There are few melodic elements, whether we are performers or listeners; rather, we are « bathed » in an atmosphere that is intended to be the musical setting of this space of freedom.

Furthermore, the « rustling » of the words arises from the presence of leaves in the poem.

Finally, the precedence of male voices is due to the fact that the poet associates this song of freedom with a declaration of love for his beloved, for the « eternal feminine. »