Dans les eaux polaires – women vocies & marimba
Text: Cécile Rigazio
for women’s choir S1S2 A1A2, men’s choir ad lib. (solo women’s voice version) and marimba (available versions: harp, 2 guitars )
available version: English
Adaptation of the incredible tale « the skeleton woman »
commissioned by the vocal ensemble Le Miroir
« When Cécile Rigazio told me about a project around a tale for women’s choir, marimba and ad lib men’s choir, I immediately thought of the Inuit tale of « The Skeleton Woman » that I had discovered in the past in the magnificent book « Women Who Run with the Wolves » by Clarissa Pinkola Estés. I tried to render as best I could this atmosphere, this light so particular to the Nordic landscapes under the snow, taken by the ice. It seemed to me that the marimba was ideal to make the heroine’s bones feel come back to life and be covered with flesh again! Number VI is a tribute to Katajjaq (traditional Inuit throat singing also called vocal game, generally practiced by two women face to face). The women’s choir can invite the men’s choir or do without it! Finally, the marimba player can, if he wishes, improvise a solo between two scenes inspired by the musical universe of the work. »
Description
Voir un extrait de la partition
« Quand Cécile Rigazio m’a parlé d’un projet autour d’un conte pour chœur de femmes, marimba et chœur d’hommes ad lib. j’ai tout de suite pensé au conte inuit de « La femme squelette » que j’avais découvert par le passé dans le magnifique livre « Femmes qui courent avec les loups » de Clarissa Pinkola Estés. Je me suis efforcé de rendre au mieux cette atmosphère, cette lumière si particulières des paysages nordiques sous la neige, pris par les glaces. Il m’a semblé que le marimba était idéal pour faire sentir les os de l’héroïne reprendre vie et se couvrir de chair à nouveau ! Le numéro VI est un hommage au Katajjaq (chant de gorge traditionnel inuit aussi appelé jeu vocal, généralement pratiqué par deux femmes face à face). Le chœur de femmes peut inviter le chœur d’hommes ou s’en passer ! Enfin le joueur de marimba peut s’il le désire improviser un solo entre deux tableaux inspiré de l’univers musical de l’œuvre. »
Dans les eaux polaires
Dans le froid du grand Nord, dans l’océan glacial,
Un squelette de femme ballotté par les flots :
Il gît dans les abysses, tout au fond de l’eau.
On ne sait plus pourquoi, quelle faute absolue
Cette femme a commise et pourquoi elle est nue.
Un pêcheur !
Tiens ! Dans ces eaux hantées, un pêcheur s’est égaré !
Il tire pourtant sa ligne et très vite, sent la prise qui s’agite !
Quelle belle pêche, sans doute !
Pourtant, l’effroi saisit le pêcheur lorsqu’il remonte sa proie :
Ce n’est pas un poisson qui se débat au bout de l’hameçon,
Mais bien une femme squelette, qui lutte avec une folle énergie.
Ramer, pagayer, s’enfuir !
Accrochée à l’hameçon, elle le suit malgré elle…
Accoster, tout lâcher, courir !
Emmêlée dans la ligne, elle est toujours derrière…
S’échapper, filer, disparaître !
Plonger à l’abri dans l’igloo protecteur :
Elle est toujours là, les yeux brillants de peur…
L’homme calme son souffle et ranime le feu :
Ce tas d’os emmêlés qui gît maintenant sur le sol gelé,
Lui fait pitié.
Alors avec douceur et patience, il désenchevêtre la femme du fil puis couvre son pauvre squelette pour la nuit.
Il s’assoupit et se met à rêver. De ce rêve naît au coin de ses yeux, une larme…
Dans la pénombre des braises qui rougeoient, la femme voit briller cette larme :
Elle a soif, terriblement soif, elle n’a pas bu depuis l’éternité :
Elle l’aspire avec avidité !
Dans le silence de la nuit polaire, elle entend le cœur de l’homme endormi :
Elle plonge la main dans sa poitrine et en sort son cœur qui bat comme un tambour.
Alors elle joue de ce tambour magnifique,
Puis elle chante et danse au son de ce cœur,
Elle chante pour se couvrir de chair
Elle chante pour des cheveux, des seins
Et tout ce dont une femme a besoin ;
La femme a retrouvé son corps de femme, elle a recouvré la vie !
Alors, avec douceur et délicatesse, elle remet le cœur dans la poitrine de l’homme toujours endormi
Et s’allonge auprès de lui.
On dit qu’ils ne se sont plus quittés depuis,
Que la mer a pourvu à leur survie,
Qu’ils sont toujours ensemble à pêcher dans les eaux glacées du grand Nord.