Bizet – Adieux de l’hôtesse arabe
for voice, violin & cello
in Cm (original tone)
text: Victor HUGO
duration: circa 6′
available versions; for violin & cello in Am / in Cm for flute & cello
Description
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Puisque rien ne t’arrête en cet heureux pays, Ni l’ombre du palmier, ni le jaune maïs, Ni le repos, ni l’abondance, Ni de voir à ta voix battre le jeune sein De nos soeurs, dont, les soirs, le tournoyant essaim Couronne un coteau de sa danse,
Adieu, voyageur blanc ! J’ai sellé de ma main, De peur qu’il ne te jette aux pierres du chemin, Ton cheval à l’oeil intrépide ; Ses pieds fouillent le sol, sa croupe est belle à voir, Ferme, ronde et luisante ainsi qu’un rocher noir Que polit une onde rapide.
Tu marches donc sans cesse ! Oh ! que n’es-tu de ceux Qui donnent pour limite à leurs pieds paresseux Leur toit de branches ou de toiles ! Qui, rêveurs, sans en faire, écoutent les récits, Et souhaitent, le soir, devant leur porte assis, De s’en aller dans les étoiles !
Si tu l’avais voulu, peut-être une de nous, Ô jeune homme, eût aimé te servir à genoux Dans nos huttes toujours ouvertes ; Elle eût fait, en berçant ton sommeil de ses chants, Pour chasser de ton front les moucherons méchants, Un éventail de feuilles vertes.
Mais tu pars ! – Nuit et jour, tu vas seul et jaloux. Le fer de ton cheval arrache aux durs cailloux Une poussière d’étincelles ; A ta lance qui passe et dans l’ombre reluit, Les aveugles démons qui volent dans la nuit Souvent ont déchiré leurs ailes.
Si tu reviens, gravis, pour trouver ce hameau, Ce mont noir qui de loin semble un dos de chameau ; Pour trouver ma hutte fidèle, Songe à son toit aigu comme une ruche à miel, Qu’elle n’a qu’une porte, et qu’elle s’ouvre au ciel Du côté d’où vient l’hirondelle.
Si tu ne reviens pas, songe un peu quelquefois Aux filles du désert, soeurs à la douce voix, Qui dansent pieds nus sur la dune ; Ô beau jeune homme blanc, bel oiseau passager, Souviens-toi, car peut-être, ô rapide étranger, Ton souvenir reste à plus d’une !
Adieu donc ! – Va tout droit. Garde-toi du soleil Qui dore nos fronts bruns, mais brûle un teint vermeil ; De l’Arabie infranchissable ; De la vieille qui va seule et d’un pas tremblant ; Et de ceux qui le soir, avec un bâton blanc, Tracent des cercles sur le sable !
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Farewell of the Arab hostess Since nothing will keep you in this happy land, neither the shade of the palm, nor the yellow corn, nor repose, not abundance, nor, in the evenings, seeing the young breast of our sisters, at the sound of your voice, beating, whose whirling swarm crowns a hillside with its dance,
farewell, handsome traveller! Oh! Why are you not of those who confine their lazy feet to their roof of branches or of canvas, who, dreamers, without a care, listen to the tales, and wish, at evening, seated before their door, to depart for the stars!
Had you so wished it perhaps one of us, o young man, would have liked to serve you kneeling in our ever open huts; she would have made, while rocking your sleep with her songs, a fan of green leaves with which to chase the evil flies from your brow.
If you do not return, think a little from time to time of the girls of the desert, sweet voiced sisters, who dance bare-foot upon the dune; o handsome young white man, beautiful migratory bird, remember, for perhaps, o restless stranger, your memory lingers with more than one!