Bestiaire fantastique

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Faune, Licorne ou Griffon, en écho aux poèmes magnifiquement ciselés de Marc Blanchet, tel l’archer devant sa cible, mon souhait a été de capter ces silhouettes échappées du bestiaire légendaire. Mais point question de chasse ici, le but à atteindre est au-delà. À l’affût de son existence, j’ai cru apercevoir, entre les arbres de la forêt, passer l’ombre fugitive de l’animal, entendre le bruit de ses pas. Ô vision irréelle ! Tu nous invites à partir sur sa trace et mettre nos empreintes dans les siennes pour le suivre au plus près. Et là, soudain, touchant à la source, avoir la sensation de sa présence, un frémissement, un souffle, deux yeux dans la frondaison, comme si on pouvait le toucher, le caresser même, jusqu’à, endossant sa peau, se métamorphoser et devenir un de ses frères.
Jean-Christophe Rosaz

Faune
Ma légende est dans les voix des hommes,
Ce sifflement rauque doublé d’un rire mutin.
Je suis à ton image: seuls mes pieds bondissants
Avouent le dieu querelleur que j’ai épousé.

Griffon
Je pose une aile fauve sur ton sommeil
Griffe ton secret: pas une goutte de sang.
Je veille à blesser sans apparaître.
Seule mon image gronde dans les livres.

Licorne
Un corps en avant, lancé vers la lumière.
Un front aigu dispersant les feuillages
L’eau des fontaines: miroir de mes solitudes.
Ainsi ma blancheur dans l’oubli du temps