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Jean de la lune

Résumé

Jean vit sur la lune. De là-haut il aperçoit les terriens : il a très envie de les rejoindre pour se faire des amis mais une fois sur terre, l’homme de loi décide de mettre cet étranger aux fers. Jean se retrouve aux côtés de prisonniers mais devant rayon de lune, il peut se glisser à travers les barreaux. A un Bal masqué où il s’amuse beaucoup l’homme de loi réapparait, Jean doit fuir à nouveau, il parvient à un observatoire, les gardes frappent à la porte, vite il faut décoller : objectif lune ! Dans la fusée, Jean perçoit le chant du cosmos. De retour dans sa maison la lune, des paroles montent jusqu’à lui : ce sont ses voisins de la planète terre qui se sont lancés dans le ciel. « Je vous attendrai, une éternité, s’il le faut » leur crie Jean de la lune. Le chœur lui répond « avoir un ami  est une joie digne de l’infini».

Sachant que l’orchestre serait constitué d’instruments anciens, nous avons cherché une histoire qui pourrait se prêter à leurs timbres particuliers : douceur de la flûte et des cordes, scintillement du clavecin… c’est pourquoi nous nous sommes tournés vers ce livre de Tomi Ungerer dont le héros est un « lunien », sachant qu’il a fallu développer l’histoire pour en faire un mini-opéra.


Un conte philosophique

Le livre et l'opéra abordent la question de l'autre, de l'étranger, du différent et par là entraînent les enfants et leur public sur les chemins de la découverte de l'humanité dans toute sa diversité et son incroyable richesse.

Déroulement

SCENE 1
Jean vit sur la lune. De là-haut il aperçoit les terriens : il a très envie de les rejoindre pour se faire des amis!

SCENE 2
La comète a entendu son souhait et l’entraîne vers la terre en le prévenant : « je ne sais pas si tu pourras revenir ».

SCENE 3
Tous deux croisent des étoiles au rire éclatant. L’atterrissage secoue un peu !

SCENE 4
La comète s’est volatilisée. Les terriens, curieux, se demandent bien ce qui est arrivé mais l’homme de loi décide de mettre cet étranger aux fers.

SCENE 5
Un peu effrayé, Jean se retrouve aux côtés de prisonniers pour qui le temps ne compte plus et sympathise avec Pierre. Il veut que tous viennent avec lui mais impossible !

SCENE 6
Jean réalise que, comme la lune, il rétrécit et peut se glisser au-dehors de la prison.

SCENE 7
C’est la nuit, la rencontre poétique avec des fleurs le conduit au… surprise !

SCÈNE 8
Bal masqué où on le félicite pour son costume, où l’on entend toutes les langues mais attiré par le bruit, l’homme de loi réapparait, Jean doit fuir à nouveau.

SCÈNE 9
Dans la forêt, les fleurs égarent ses poursuivants, Jean file plus vite que le temps.

SCÈNE 10
Dans sa folle course, il se cogne contre la porte d’un observatoire où l’accueille un vieux savant facétieux qui a mis au point (enfin presque) une fusée. Les gardes frappent à la porte, tant pis pour les derniers calculs, vite il faut décoller : objectif lune !

SCÈNE
Dans la fusée, après les soubresauts du départ, Jean perçoit le chant du cosmos.

FINAL
De retour dans sa maison la lune, des paroles montent jusqu’à lui : ce sont ses voisins de la planète terre qui se sont lancés dans le ciel. « Je vous attendrai, une éternité, s’il le faut » leur crie Jean de la lune. Le chœur lui répond « avoir un ami  est une joie digne de l’infini».

AMIA

Amis de la Musique sur Instruments Anciens

* * *

La première de « Jean de la Lune » a eu lieu devant les parents d’élèves, les amis, les habitants du quartier, le public de l’AMIA et des invités représentant les organismes publics et privés qui ont aidé le projet à se réaliser. Cette représentation fut un beau succès.

Le mardi 8, à 20h30, la salle de Pôle Sud était pleine (en grande majorité d’habitants du quartier), pour une deuxième représentation, elle aussi couronnée de succès.

Le public, ravi du spectacle, a convaincu la troupe de donner un « bis » du dernier chœur.

D’une part, derrière cette réalisation artistique et pédagogique de haut niveau... par un travail de longue haleine, le projet « Jean de la Lune » aura marqué profondément tout un groupe d’enfants et de jeunes de milieux défavorisés dans les domaines de la capacité de concentration, de discernement, de réflexion, de discipline collective, de solidarité, d’affirmation de soi et d’expression sensible dans le cadre d’une ouverture artistique majeure.

A la fois acteurs et bénéficiaires de cette action, ces enfants pourront devenir une force d’entraînement pour leur entourage, leur famille, leurs connaissances, leur quartier… mais à la seule condition qu’un relais soit pris de façon régulière dans ce type d’actions. Bernard Verdier, Président de l’AMIA.



***
Dans les pas de Jean de la Lune

Interview (extraits) par Yves Dirheimer paru dans la revue Tomiscope N°12 de juin 2011,
magazine de l'association internationale des amis de Tomi Ungerer

YD : Connaissiez-vous l’œuvre de Tomi Ungerer avant de choisir l’un de ses livres pour vous en inspirer dans le but d'écrire un opéra ?

JCR : Je connaissais ses livres depuis mon enfance, mais ce n’est que récemment que j’ai découvert plusieurs pans de sa personnalité et de son travail.

YD : Aviez vous quelques uns de ses livres alors que vous étiez enfant ?

JCR : Oui, j’en ai eu plusieurs et par la suite je m’y suis toujours intéressé. Nous avons un fils de treize ans et c'est tout naturellement que je me suis encore une fois tourné vers Tomi, ses illustrations, ses œuvres littéraires…

YD : Finalement il passe de génération en génération.

JCR : C’est ce qui est formidable dans son œuvre de créateur

YD : Vous n’étiez pas vraiment dans l’inconnu. Qu’est ce qui vous a plutôt dirigé vers Jean de la Lune?

JCR :  La proposition est venue de l’AMIA, même si cela peut paraître curieux au premier abord. Ils avaient entendu deux de mes pièces pour clavecin et ont souhaité développer cette idée d’écrire un opéra pour voix d’enfants, accompagnées des sonorités si particulières des instruments anciens.  Nous avons pensé que ce serait une belle « traduction » sonore de l’univers de Jean de la Lune. Il était nécessaire ensuite de développer l’histoire et pour cela il nous fallait l’autorisation de l’auteur.

YD : Que vous avez obtenue facilement ?

JCR : Oui, je tiens encore à remercier Tomi Ungerer pour me l’avoir accordée et approuvé le livret avec bienveillance.

YD : Et c’est vous qui avez adapté le livret.

JCR : Je me suis efforcé de toujours revenir au livre. La musique naît du livre.

YD : C’est donc bien le livre qui vous donne la matière pour créer la musique ?

JCR : Tout à fait

YD : L’inspiration ?

JCR : Elle est née de l’aspect littéraire et plus encore du dessin. Un dessin qui parle: j’avais envie de me plonger la dedans, de me mettre à l’écoute de cela.

YD : Combien de temps va durer votre pièce ?

JCR : 40 minutes je pense. Ce sont de brèves scènes, parce que c’est comme ça que je perçois ses livres, très condensés. Ça ne s’étale pas, c’est léger. Je m’adresse au public enfant, ce sont des enfants de CM2, 6ème, c'est-à-dire onze-douze ans. J’ai fait en sorte que eux aussi ne se perdent pas dans un opéra de trois heures.

YD : Pourquoi des instruments anciens ? Vous avez parlé de couleurs...

JCR : Elles sont nées principalement de l’ambiance lunaire du livre.  On verra ce que Tomi en pense, je suis tellement impatient de connaître son avis, s’il a adhéré ou pas.

YD : Je vous ai dit qu’il raconte qu’il a divorcé de sa première femme, car lui il aimait le jazz et sa femme l’Opéra…

JCR : Ma pièce n’est pas très opératique dans le sens où il n’y a pas de grande vocalise, c’est très ramassé.

YD : Le groupe « Suonare e Cantare » utilise quels instruments ?

JCR : C’est un ensemble à géométrie variable. Le nombre d’interprètes et d’instruments est changeant. Dans cet opéra il y a une flûte à bec, un violon, une viole de gambe, une sacqueboute, un clavecin, un théorbe et des percussions qui jouent un rôle important, parce qu’elles vont servir de lien entre les scènes. On dit souvent que les préoccupations des compositeurs d’aujourd’hui rejoignent ceux de la période baroque. La redécouverte de la musique ancienne c’est aussi le plaisir du timbre j'allais dire à l'état brut, que ce soit la façon de chanter, les instruments à vent, à corde frottées…

YD : Quand vous écrivez le livret, vous avez déjà en tête une scénographie ?

JCR : C’est lié, mais pour cet opéra on a fait appel à un metteur en scène. Quelque part j’avais ma propre scénographie, c’est comme un sculpteur qui imagine déjà comment il va utiliser les matériaux qu’il a choisi. Mais nous souhaitions confier l’opéra à un metteur en scène en qui nous avions  entière confiance: Laurent Crovella.

YD : C’est toujours intéressant d’avoir des contacts et des échanges avec d’autres disciplines.

JCR : Le livre a provoqué la musique et maintenant il provoque une mise en scène et une chorégraphe. N’est ce pas le propos de l’opéra de réunir  tous ces corps de métiers ?